Episode 5

Contenus : sobriété éditoriale, pour que la parole devienne d’or

15 octobre 2021 | écrit par : Anne

Le jour où nous avons compris que l’éco-conception éditoriale était aussi une réponse à l’infobésité et aux fake news.

En bref

  • - 500 heures de vidéos sont ajoutées chaque minute sur Youtube (chiffres Youtube 2021, cités par le BDM)
  • - 8 secondes, c’est la durée moyenne de notre temps d’attention en ligne, soit moins qu’un poisson rouge, selon la chercheuse Lisa Iotti
  • - Les réseaux sociaux sont la première source d’information des 18-24 ans

Eco-concevoir un contenu, qu’est-ce que ça veut dire ? L’éditorial reste encore aujourd’hui l’angle mort de l’éco-conception, pourtant c’est un enjeu structurant pour de nombreux sites de contenus. 

Selon nous, le sujet ne concerne pas seulement l’impact environnemental mais recouvre aussi des aspects plus sociétaux : il s’agit en fait de produire et diffuser des informations utiles et vérifiées, auprès d’un public “cible”, tout en consommant le moins de ressources possible.

L’efficacité du dispositif éditorial est donc le premier enjeu d’une démarche d’éco-conception : plus un contenu est facile à trouver et à comprendre, et moins de ressources sont consommées. Nous appliquons notre méthodologie user-centric à l’éditorial : il s’agit d’évaluer chaque contenu à l’aune de sa valeur ajoutée, de son utilité.

  • Utilité pour le lecteur : veut-il s’informer ? Apprendre ou comprendre quelque chose ? S’évader, se divertir ? Les cibles et leurs motivations doivent être au coeur de la conception éditoriale de tout contenu pour justifier son utilité.
  • Utilité pour l’émetteur : est-ce que ce contenu correspond à l’image, au positionnement et au message de l’entreprise ou de l’institution ? Le format choisi et son mode de diffusion vont-ils permettre d’atteindre les objectifs d’audience et/ou de visibilité ? S’il remplit ses objectifs, on peut considérer qu’un contenu n’aura pas consommé de ressources pour rien.

Le second axe de l’éco-conception éditoriale concerne selon nous le respect dû au lecteur et à son attention. Dans un contexte médiatique saturé et qui privilégie l’instantanéité, faire le pari du slow, du long, du complexe et du réfléchi - tout en restant bien sûr accessible et pédagogue - nous semble la seule manière de produire un contenu véritablement durableFaire appel à la rationalité des internautes plutôt qu’à leurs émotions représente pour nous une éthique d’autant plus nécessaire à l’heure des fake news : c’est pourquoi malgré nos efforts pour rendre nos contenus attractifs, séduisants et performants, nous nous fixons comme règle d’éviter les simplifications abusives, les titres accrocheurs mais trompeurs, et plus largement toute technique de manipulation destinée à maximiser les clics. 

L’enjeu environnemental enfin, se traduit dans notre approche par une application des “3 R” de l’économie circulaire aux contenus

  • Réduire, c’est-à-dire faire moins, mais mieux - moins de pages, moins de vidéos, moins de mots, pour faire ressortir ce qui compte (vraiment) ;
  • Réutiliser, c’est-à-dire augmenter la durée de vie de ses contenus en les adaptant à chacun des canaux sur lesquels ils sont diffusés ou en les modifiant en fonction de l’actualité ;
  • Recycler, en pensant la fin de vie des contenus dès leur conception : que faire d’un dispositif de communication une fois ses objectifs de trafic / VU atteints ? Compresser une vidéo tout en la laissant accessible au public peut être une bonne solution.

Pour résumer, notre approche d’éco-conception appliquée à l’éditorial est encore une fois une affaire d’équilibre : il ne s’agit pas de se fixer un nombre maximum de pages ou de mots dans l’absolu, mais plutôt d’interroger la pertinence de chaque contenu par rapport à l’objectif visé : ai-je besoin d’une vidéo pour dire cela ? ne puis-je pas donner cette information en relayant un contenu existant par ailleurs ? etc. C’est seulement une fois ce travail de tri effectué que nous pourrons parler d’approche éco-responsable.

Et sinon...