Nos UX sont formels (et prêchent pour leur paroisse) : une conception centrée utilisateurs permet assez naturellement d’intégrer la logique d’éco-conception ; il s’agit en effet de penser et designer des interfaces et des fonctionnalités pour qu’elles répondent au mieux aux besoins des utilisateurs, et qu’elles soient donc in fine utiles et utilisées.

Ajouter, par exemple, une fonctionnalité un peu lourde n’est pas un problème en soit, si elle est bien pensée et que son utilité est avérée ; plus globalement, mieux vaut un site un peu plus lourd qui propose une expérience satisfaisante qu’un site léger qui ne remplirait que partiellement son office.

Si on transpose notre vision dans le domaine de la cuisine, ça donne : préparer quelque chose qui est au goût de la majorité des convives, tout en essayant de réduire au maximum l’empreinte carbone de chaque assiette.

Concrètement, que fait-on pour aller dans le bon sens ? 
On se pose systématiquement la question de l’utilité des fonctionnalités proposées, y compris face à des réflexes bien ancrés : par exemple, se rendre ENFIN compte que presque personne (0,6% des internautes sur ordinateur, et 0,39% des mobinautes pour être exact, selon une étude de 2016 citée par le Blog du Modérateur) n’utilise le bouton de partage sur les réseaux sociaux qu’on met pourtant souvent sur toutes les pages d’un site. Ou encore, se demander si les sliders d’actualités si souvent réclamés parce qu’ils permettent de mettre en avant toutes les informations clé sur la HomePage, sont vraiment consultés… alors que les étude disponibles sur le sujet montrent le contraire : moins d’1 % des internautes consulteraient les slides positionnées après la première. 

Au-delà de ces deux exemples emblématiques, une problématique récurrente en termes d’éco-conception est bien sûr celle des images. Nous développerons cette question dans l’épisode 4 consacré au design, mais pour résumer, notre approche est de conserver celles qui font la preuve d’une utilité réelle - en permettant de valoriser ou d’humaniser un propos… De la même manière, il y a bien sûr la question des vidéos : même sans proposer de streaming, le poids des fichiers vidéos en fait un support à éviter autant que possible. Mais là encore, nous devons faire preuve de nuance, car une vidéo peut être justifiée par un besoin de pédagogie ou d’incarnation. Pour ce site, nous avons fait le choix le sonore : plus léger qu’un fichier vidéo, mais plus intimiste qu’un article écrit, l’audio permettait d’incarner et de rendre le propos plus vivant, sans pour autant entraîner les lourdeurs d’un tournage, ni prendre de place sur les serveurs déjà bien encombrés de Youtube. 

Enfin, il nous faut aussi travailler la manière de traiter les besoins utilisateurs identifiés, en imaginant des réponses plus sobres, plus légères, mais tout aussi efficaces, au cas par cas. Par exemple, lors des ateliers de conception menés pour ce site, l’un des besoins que nous avions identifié pour les cibles les moins familières de l’éco-conception, était de rendre concrète notre méthodologie. Pour cela, notre première idée a été de proposer un module permettant de switcher entre une version “avec” ou “sans” éco-conception du site, principe permettant de présenter le travail fait sur les images, les typos, le volume de contenus, etc. Bien qu'intéressante d'un point de vue pédagogique, cette idée a finalement été abandonnée : plutôt que de créer une mécanique sympa mais très consommatrice en ressources, nous avons choisi de raconter simplement notre démarche d'éco-conception à travers des articles écrits ; c'est ainsi que le journal de bord que vous lisez en ce moment a vu le jour.